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Le crowdfunding : « Les petits ruisseaux font les grandes rivières , par Djamchid ASSADI*


La réticence de la finance conventionnelle a viscéralement marginalisé le financement des petites et/ou jeunes firmes innovantes à la suite de la crise financière 2006-2008. Cette tendance s’est aggravée par le rétrécissement des dispositifs d’aide publics qui visaient la réduction drastique des déficits budgétaires. Dans ce contexte, le financement est devenu sélectif au profit des firmes leaders et présentant d’assurances en termes de retour sur investissement à un horizon de court terme.

En ouvrant la voie à de petits investisseurs, le crowdfunding s’est alors avéré un mode de financement alternatif pour soutenir les innovateurs modestes et ceux dont l’idée motrice s’écartait de la garantie rassurante que visaient les investisseurs conventionnels.

Les petits investisseurs ne pouvant pas participer aux offres de capital d’amorçage (seed capital) classiques faute de petites sommes qu’ils pouvaient investir, se sont complaisamment tournés vers des projets qui ne s’intéressaient pas les investisseurs en capital de risque et providentiels (angel investors). Les innovateurs jeunes et démunis trouvaient également du financement grâce à leurs proches et aux individus qui partageaient les mêmes valeurs par exemples dans projets liés aux arts ou à la recherche académique.

Le crowdfunding est ainsi devenu un instrument de financement au service de l’innovation. Toutefois, les différents types de crowdfunding, le crédit, le don, la participation et la récompense, ne représentent pas les mêmes intérêts pour les différents niveaux d’innovation, la rupture ou l’amélioration, et les différents secteurs d’innovation, allant des industries créatives aux hautes technologies.

Pour une innovation de rupture dans la haute technologie dont la durée qui sépare l’invention de la mise sur le marché est en moyenne de sept à dix ans, le plafond d’un million d’euros de levée de fonds en capital social ou en dette, légiféré en France, est très loin des besoins. Dans ce cas, le crowdfunding apparait plutôt comme un complément à la finance conventionnelle qu’un substitut. Tandis que pour l’amélioration d’une innovation ou le lancement des innovations culturelles, le crowdfunding peut bel et bien assurer le financement.

Un autre atout majeur de ce type de financement de l’innovation résidait dans la vérification de l’acceptabilité du projet sur le marché. De surcroit, en liant directement le projet et les cybernautes particuliers, la visibilité et la notoriété de l’innovation se renforçaient sensiblement.

Pour plus d’analyse, voir : https://www.cairn.info/revue-innovations-2018-2.htm

CEREN, EA 7477, Burgundy School of Business – Université Bourgogne Franche-Comté