Consultez l’édito du mois d’avril 2021 !

Emergence de nouveaux modèles agroalimentaires

 

Face aux diverses crises économiques, sociales, sanitaires, survenues depuis la fin du XXe siècle, le monde agricole, ceux de la transformation et de la distribution doivent relever des défis tant sociaux, qu’environnementaux ou économiques. L’ensemble de la chaîne de valeur des systèmes alimentaires est concerné, les consommateurs-citoyens, les entreprises, les agriculteurs, le monde associatif et les décideurs.

Cette évolution s’inscrit dans un contexte où, d’une part, les consommateurs sont de plus en plus exigeants en termes de qualité, de sécurité, de traçabilité, de durabilité des produits, mais aussi en termes de prix. D’autre part, les exploitations agricoles et les entreprises agroalimentaires cherchent activement à améliorer compétitivité et rentabilité en ayant notamment le moins d’impacts négatifs possibles sur l’environnement. Face à ces exigences souvent antagonistes, de nouveaux comportements, actions et innovations émergent impliquant agriculteurs, chaînes de transformation et de distribution, acteurs publics et citoyens. Les systèmes alimentaires se transforment ainsi vers plus de durabilité.

La réussite des pratiques agroécologiques nécessite la mise en œuvre de processus de coordination des acteurs tout au long des chaînes d’approvisionnement, des changements dans les pratiques de conseil, mais aussi de logistique ou de marketing. La forte demande des consommateurs pour des produits locaux contribue, quant à elle, à réorganiser à la fois les réseaux de distribution vers des circuits courts, et aboutit à des changements de métiers des agriculteurs qui deviennent des revendeurs en créant des plateformes ou des lieux de vente communs. Les acteurs de ces innovations de niche semblent coexister avec les filières conventionnelles, tout en souhaitant essaimer un nouveau modèle de système alimentaire plus durable dans un contexte de transition et d’articulation entre agriculture, alimentation, santé et environnement.

Autre exemple, la reterritorialisation de l’agriculture au sein des villes impulsée par des entrepreneurs, souvent non issus du monde agricole, par des citoyens, par le monde associatif ou les collectivités, est porteuse de modèles économiques durables et d’innovations tant sociales, qu’organisationnelles ou technologiques, qu’elles soient high-tech ou low-tech. Ces différents exemples qui s’opèrent à toutes les échelles spatiales territoriales révèlent, en accord notamment avec les travaux en économie et sociologie de l’innovation, que toute innovation, qu’elle repose sur un changement technologique et/ou organisationnel et/ou social, est un processus interactif, incertain, cumulatif et spécifique. Et dans cette perspective, elles invitent les chercheurs et chercheuses à développer des approches pluridisciplinaires (agronomie, génétique, technologie, sciences économiques, sociologie, management), en prenant en compte autant la dimension sociale que technologique des innovations.

Par

Véronique SAINT-GES (INRAE, UMR SADAPT)

Corinne TANGUY (CESAER AgroSup Dijon)

Delphine THIVET (Centre Emile Durkheim, UMR 5116 Université de Bordeaux)

Pour en savoir plus  :

 

 

 

Systèmes agroalimentaires

Nouvelles perspectives

 

 

 

Innovative Agri-food Systems